15 février 2019 | Mise à jour le 15 février 2019
Convoqués au tribunal de Nanterre pour témoigner contre Bolloré, onze Cambodgiens de sept villages autochtones Bunong n'ont pu se rendre en France : l'ambassade française à Phnom Penh a en effet refusé de leur donner un visa.
Depuis 2008, la société française de développement Socfin-KCD, filiale du groupe Bolloré s'est installée sur les terres villageoises du district de Pech Chreada (province de Mondulkiri), au Cambodge. Elle y exploite une plantation de caoutchouc. Mais les habitants considèrent que l'exploitation menace à la fois leurs terres, leurs maisons, ainsi que leurs traditions et leurs lieux sacrés.
Au moins 640 familles seraient concernées, alors que la société a obtenu une concession sur plus de 2000 hectares. Les villageois ont décidé de se tourner vers la justice.
La justice française saisie
Faute de solution judiciaire au Cambodge, les habitants ont saisi la justice en France contre Bolloré. Onze personnes — dont une avocate — devaient venir témoigner en février au tribunal de Nanterre qui les a convoqués. Mais l'ambassade de France à Phnom Penh refuse leur demande de visa.
CGT solidaire
Chacun a droit à un procès équitable : c'est ce que précise l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'Homme. En s'appuyant sur cette Convention, la CGT réclame que des visas soient enfin accordés aux plaignants.
Pour qu'un procès équitable puisse avoir lieu, sa date a été repoussée à octobre 2019.
En attendant, Socfin-KCD continue d'exploiter les terres des villageois. Et une question se pose : qui a décidé, et au nom de quels intérêts, de leur refuser ces visas ?