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DISCRIMINATION SYNDICALE

Nous sommes tous des Christmann

4 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Nous sommes tous des Christmann

Rassemblement Procès Philippe Christmann CGT FNSCBA, Tribunal de Paris 04/11/2016

Un an d'emprisonnement avec sursis, 4 000 euros d’amende dont la moitié avec sursis, et l’interdiction de se rendre aux abords de la Fédération française du bâtiment (FFB) pendant 3 ans… la procureure n’y est pas allée de main morte dans ses réquisitions contre le dirigeant CGT.

Le dirigeant de la fédération CGT de la construction était en effet renvoyé devant cette cour sur plainte de la fédération patronale du BTP à la suite d’une manifestation contre la pénibilité en avril 2014.

Philippe Christmann est poursuivi seul pour des faits de dégradation commis dans le cadre d’une action collective. Comme pour les nombreux procès intentés contre des militants, la CGT avait appelé à un rassemblement place du Châtelet tandis que se déroulait le procès.

Guerre sociale dans le prétoire

À la barre du tribunal correctionnel de Paris, l’avocat de la FFB a longuement dramatisé la manifestation menée par une quarantaine de militants. Un « envahissement » des locaux de plus de cinq heures, lors duquel des « pressions physiques intolérables » auraient été commises à l’encontre du personnel, a assuré l’avocat de la FFB. Depuis, « un climat d’inquiétude permanent » pèse sur les salariés, selon Me Claude Vaillant, qui a réclamé près de 15 000 euros de dommages-intérêts et 10 000 euros pour le préjudice moral.

Aux côtés du dirigeant syndical, l’avocate de la CGT-Construction a ironisé sur les « scènes de guerre » décrites, assurant que le rassemblement n’avait donné lieu qu’à « des confettis, des tracts, des autocollants et des billes de peinture à l’eau ». « Nous sommes sur des salissures » et non des dégradations « irréversibles », a tenté de minimiser Me Marion Ménage, dénonçant une enquête bâclée où aucun militant CGT n’a été entendu.

À la barre, Philippe Christmann évoque une « manifestation ordinaire », et conteste formellement avoir projeté de la peinture rouge contre la façade de la cour intérieure du bâtiment. Le jugement dans cette affaire sera rendu le 16 décembre.

Peines démesurées, faits mineurs, instruction bâclée

Les peines requises, « ça devient de la bêtise humaine » et ça ne sert qu’à « criminaliser l’action syndicale », a réagi après l’audience Serge Pléchot, le secrétaire général de la CGT-Construction. « Aujourd’hui c’est Philippe, hier c’était les Goodyear, les Air France… » Justement, la veille, jeudi 3 novembre, on a appris la condamnation de Nicolas Jounin à six mois de prison avec sursis pour avoir frappé un policier au printemps lors d’une manifestation contre la loi travail, des faits qu’il dément.
L’ancien maître de conférence de l’université Paris 8, qui milite à la CGT, a été interpellé à Saint-Denis après qu’un cortège d’une centaine de manifestants s’est retrouvé « au contact » de policiers qui tentaient de leur barrer la route.

Son défenseur, Raphaël Kempf, juge que « la relaxe s’imposait ». Il dénonce notamment le fait que la décision du tribunal ne s’appuie que sur le témoignage d’un commissaire de police, « qui présente des contradictions ».