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Philippe Martinez : « nous avons besoin d'un syndicalisme européen plus concret sur nos revendications »

22 mai 2019 | Mise à jour le 23 mai 2019
Par | Photo(s) : Tiphaine Lanvin / Photosociale
Philippe Martinez : « nous avons besoin d'un syndicalisme européen plus concret sur nos revendications »

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT conduit une délégation au congrès de la Confédération européenne des syndicats à Vienne (Autriche)

Le 14e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) se tient à Vienne en Autriche du 21 au 24 mai. Une délégation CGT y participe et portera notamment la question des salaires et des garanties collectives. Entretien avec Philippe Martinez, son secrétaire général.
Le rapport d'activité de la CES a été présenté hier matin. Quel bilan tire la CGT de cette mandature ?

Il est insuffisant : nous avons besoin d'avoir un syndicalisme européen bien plus concret dans nos revendications ! Nous devons passer d'un syndicalisme très institutionnel où l'un des interlocuteurs principaux est la Commission européenne, à un syndicalisme qui aborde bien plus concrètement la réalité et de la diversité des travailleurs. Ceci étant, nous avons eu ce débat à la CGT aussi.

Il ne faut uniquement regarder ce qui ne va pas chez les autres, mais aussi tirer quelques leçons de ce qui ne va pas chez nous. Il y a, à la CES, des intentions qui sont bonnes, on y est d'ailleurs pour quelque chose à la CGT… Lorsque des syndicats européens disent, comme nous avons pu l'entendre à l'ouverture des débats de ce congrès, que ce n'est pas le travail, mais le capital qui pose problème, quand on entend qu'il faut augmenter les salaires, ou encore réduire le temps de travail, tout cela va dans le bon sens… Tout l'enjeu pour le prochain mandat est donc de voir comment concrètement on met en œuvre, comment nous pouvons créer plus d'initiatives…

Le bilan de la journée d'action du 26 avril dernier à Bruxelles est plutôt positif, la CGT a d'ailleurs beaucoup œuvré pour qu'il en soit ainsi, mais il est clair que nous devons aussi nous interroger sur les raisons pour lesquelles il n'y a eu à ce jour pas plus de journées d'action coordonnée dans toute l'Europe. Cela étant, de plus en plus d'organisations proposent que la CES soit plus offensive en matière de mobilisations, cela est vrai pour les syndicats d'Europe du Sud, mais pas uniquement, c'est aussi le cas en Belgique ou encore en Autriche.

L'adhésion à la CES a fait l'objet de nombreux débats, parfois houleux, lors du congrès confédéral de la CGT qui vient de se dérouler. Quels sont, dès lors, les enjeux particuliers de ce congrès de la CES pour la CGT ?

Notre présence ici montre une CGT ouverte au débat dans la diversité du syndicalisme européen. La CES, est comme la CGT, une organisation ouverte, avec des histoires et des formes de syndicalisme encore plus diversifiées que chez nous. Il y a donc besoin d'écouter et de pouvoir intégrer cette donne dans nos rapports aux autres, y compris dans les débats que l'on peut avoir avec les salariés en France.

Une délégation de la CGT est présente au congrès, sur quels sujets va-t-elle s'exprimer ?

Nous allons plus particulièrement intervenir sur le besoin d'augmenter les salaires en Europe, pour combattre le dumping social et aborder la question des migrants avec le refus d'opposer ceux qui viennent d'ailleurs aux travailleurs européens. Nous allons aussi évoquer le besoin de nous mobiliser autour de la question des garanties collectives. Le dirigeant du DGB Reiner Hoffmann évoquait ce sujet hier matin : en Allemagne, la proportion de salariés couverts par des conventions collectives est tombée à 40 % ce qui montre que même dans un pays présenté comme modèle en la matière, patronat et gouvernement sont à la manœuvre pour attaquer ces droits !

À la veille des élections européennes, la CGT vient de publier un communiqué appelant à voter pour ce scrutin. Il a par ailleurs été beaucoup question de montée de l'extrême droite lors des débats d'hier, quels défis doit aujourd'hui relever le syndicalisme européen en la matière ?

En tant que syndicalistes, nous devons continuer à mettre en avant le fait que ceux qui gouvernent aujourd'hui en Europe ont une grande part de responsabilité dans la montée de l'extrême droite. On ne peut pas promettre un monde meilleur, une Europe plus sociale, pour ensuite renier ces engagements et dans la foulée, s'insurger de la montée de l'extrême droite ! Les gouvernements européens seraient bien inspirés d'exercer leur propre auto critique sur le sujet. Nous en savons d'ailleurs quelque chose en France…