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BREXIT

Royaume-Uni : le prix du Brexit

9 janvier 2019 | Mise à jour le 9 janvier 2019
Par | Photo(s) : Alberto Pezzali / AFP
Royaume-Uni : le prix du Brexit

Le prix du Brexit. Sur fond de négociations calamiteuses entre l'exécutif britannique et l'UE, les syndicats d'outre-Manche redoutent un recul des droits des travailleurs.

Votera ? Votera pas ? La décision du Parlement britannique sur l'accord relatif au Brexit est fixée, au plus tard, au 21 janvier. Ce vote, prévu le 11 décembre 2018, avait été reporté par Theresa May, tant elle en craignait une issue défavorable. En toile de fond de ces péripéties, un accord vilipendé aussi bien par les tenants d'un Brexit « dur » que par les europhiles, et qui a valu à la Première ministre d'échapper mi-décembre à un vote de défiance issu de l'aide droite de son propre camp. Ambiance…

Que vont devenir les travailleurs une fois le Brexit réalisé ?

Et les travailleurs dans tout cela ? « Le Brexit appauvrit tout le monde, sauf les riches », tance Elena Crasta, du Trades Union Congress (TUC). Un constat que semblent partager nombre de Britanniques. Selon un sondage publié en septembre 2018, 59 % d'entre eux diraient non au Brexit, s'ils devaient voter aujourd'hui. La syndicaliste, dont l'organisation avait milité en faveur du maintien au sein de l'Union européenne (UE), était venue expliquer au siège de la CGT, en mars 2017, les dangers du Brexit pour les salariés.

Au Royaume-Uni, une bonne part des acquis sociaux découle en effet de la transposition des directives européennes : temps de travail ; congés parentaux ; congés payés…

En amont des négociations avec l'UE, Theresa May avait pourtant assuré que l'accord qu'elle projetait de conclure protégerait les salariés. « Mais rien dans l'accord ne garantit le respect du droit du travail actuel. Les seuls engagements sociaux pris ne sont nullement contraignants. Si, d'aventure, un gouvernement en faveur d'un Brexit “dur” se mettait en place demain, il pourrait revenir facilement sur tout cela », estime Frances O'Grady, dirigeante du TUC, qui enjoint les députés à ne pas voter le texte.

Les syndicats ne peuvent soutenir cet accord inique, et nous estimons que
les députés doivent le rejeter.Frances O'Grady, dirigeante du Trades Union Congress

Même son de cloche chez les organisations Unison ou Unite à l'origine d'une campagne de lobbying intense auprès de la Chambre des Communes. Si Theresa May a provisoirement sauvé son poste, les scénarios sur le Brexit restent ouverts. À l'heure où nous écrivions ces lignes, nombre d'hypothèses étaient sur la table.

Un Brexit soumis au vote

Si le Parlement vote « Oui », le Brexit aura bel et bien lieu le 29 mars prochain comme prévu. « Mais d'ici là, affaiblie par ses tractations avec l'UE, Theresa May pourrait aussi faire l'objet d'un vote de défiance du Parlement et des élections anticipées pourraient avoir lieu. Nous pourrions exiger un vote populaire non pas sur le Brexit, mais sur les conditions d'adhésion au marché intérieur », explique Elena Crasta.

En effet, pour le TUC, l'idéal serait que le Royaume-Uni intègre l'espace économique européen, marché intérieur regroupant déjà l'UE et d'autres États non-membres comme la Norvège, option plus sécurisante en matière de maintien des droits sociaux. Mais en cas de vote négatif du Parlement, le Royaume-Uni pourrait aussi quitter l'UE sans accord, et ce au détriment de ses travailleurs…

Un même vote pourrait aussi déboucher sur un nouveau référendum sur le Brexit, hypothèse jugée moins farfelue qu'il y a quelques mois, mais tout de même encore improbable à ce stade. Affaire à suivre…

 

Article paru dans le numéro 114 de janvier 2019 d’Ensemble !, le mensuel des adhérents de la CGT.