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SANTÉ

Pour l’intersyndicale, les annonces faites par le ministère de la Santé sont de la poudre aux yeux

15 juin 2018 | Mise à jour le 15 juin 2018
Par | Photo(s) : Thierry Nectoux
Pour l’intersyndicale, les annonces faites par le ministère de la Santé sont de la poudre aux yeux

Rassemblement des personnels en lutte pour la defense des EPHAD au Havre, le 30 janvier 2018

Les annonces faites par Agnès Buzyn concernant l'accompagnement de la fin de vie ne sont guère rassurantes. Elles inquiètent l'intersyndicale qui, dans un document publié le 14 juin, dénonce des « mesures très insuffisantes ».

La « feuille de route » présentée le 30 mai dernier par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, pour « relever le défi du vieillissement et de la perte d'autonomie » a manifestement du mal à passer auprès des professionnels du secteur. Qui, depuis une première et inédite journée d'actions initiée par l'ensemble des syndicats sectoriels fin janvier, ne cesse de dénoncer « l'urgence sanitaire » générée par la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les Ehpad et la détérioration des conditions de travail des personnels des maisons de retraite et de l'aide à domicile. La portée des mesures annoncées, « effort financier », présence d'infirmiers de nuit, développement de la télémédecine, hospitalisation temporaire en Ehpad, recrutement et formation, semble en effet bien limité.

Un sparadrap sur une jambe de bois

« Du saupoudrage », déplore Rachel Contoux, membre de la direction fédérale de la CGT-SP. « On nous propose l'équivalent d'un aide-soignant en plus par Ehpad [ils sont plus de 7 500 sur tout le territoire, NDLR] alors qu'il manque environ 200 000 salariés à l'échelle nationale et que l'on a à peu près 750 000 personnes prises en charge à domicile. » L'aide-soignante à domicile dans le Puy-de-Dôme n'est guère plus tendre avec la promesse d'infirmières de nuit, « mutualisées entre plusieurs Ephad ! », et une télémédecine qui « palie à une désertification médicale des campagnes ». Quant à l'hospitalisation temporaire annoncée, elle se demande comment elle va pouvoir se faire avec un tel sous-effectif dans des établissements dont « certains directeurs ne connaissent pas toujours, fin juin, les budgets dont ils disposent pour l'année en cours ».

Un personnel qui n'en peut plus

Bref, un sparadrap sur une jambe de bois. Qui risque de ne pas tenir bien longtemps. Car au-delà de cette gestion ministérielle qualifiée de « méprisante envers les personnes âgées, leurs familles et les salariés » par l'intersyndicale, se profile une réalité démographique incontournable. « Le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans et de plus de 90 ans va connaitre une très forte augmentation entre 2030 et 2040 », rappelle Rachel Contoux. « Le gouvernement ne prend pas en considération cette perspective et reste sur de la prévention. Or là, il faut que l'on soit sûr du curatif. » « Curatif » que les personnels des Ephad et les aides-soignants ont déjà beaucoup de mal à assurer aujourd'hui. « Bien sûr qu'il y a de la maltraitance institutionnelle », reconnait l'aide-soignante. « Mais ce n'est pas parce que le personnel n'est pas dans l'écoute, c'est qu'il n'a plus le choix. Il est toujours en train de courir après le temps. Du matin au soir. »

Autant de dysfonctionnements annoncés dont se réjouissent les professionnels de la « Silver Économie ». Car le marché est porteur. Intéresse au plus haut point des sociétés spécialisées dans « l'hébergement pour personnes âgées » qui, contre un tarif plus élevé que celui pratiqué dans les établissements publics, proposent des « prestations plus luxueuses ». « Dans certaines régions, ces structures privées sont devenues plus nombreuses et ont pris le relai du secteur public », constate Rachel Contoux. « La case du service public est en marche ! »