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THÉÂTRE

Sonner l’alarme

3 février 2017 | Mise à jour le 3 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Jusqu’au 11 février, le Rond-Point se fait agora, en conviant témoins, penseurs et artistes pour réfléchir à des lendemains moins sombres. Un festival, inauguré avec Mediapart et précédé par la pièce À vif du rappeur Kery James, qui tombe à point nommé.

Sonnons l’alarme ! : le 23 janvier, Mediapart ouvrait le festival « Nos disques sont rayés » au théâtre du Rond-Point, avec une soirée exceptionnelle  pour comprendre et résister au nouvel ordre mondial. Parce qu’il est plus qu’urgent de cogiter à la solidarité, à l’hospitalité et aux alternatives face aux crises françaises et internationales, étaient conviés journalistes, artistes et témoins. Thierry Kuhn, président d'Emmaüs France a ainsi martelé dans la lignée de l’abbé Pierre qu’il fallait éviter de tomber dans le piège qui consiste à opposer les personnes en situation d’exclusion : les bons et les mauvais pauvres, les bons et les mauvais migrants. La journaliste Rachida El Azzouzi en a donné exemple avec Chrystelle, licenciée de l'abattoir Gad, qui s’enfonce dans le chômage : « perçue dans la rue y compris par son propre entourage comme une fainéante. Avec ses copines notamment qui gagnent le Smic et qui tapent sur les assistés dont elle ».

En colère et solidaire

Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, a elle fustigé la criminalisation de la solidarité dans le contexte d’état d’urgence, en évoquant l’acharnement répressif contre Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de La Roya ou contre les trois compagnons d’Emmaüs, frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une situation insupportable qui fait qu’à la Cimade, « on est actuellement en colère et solidaire ». Et de déclarer qu’il a urgence à la résistance et à la désobéissance civile « pour protéger la vie, la dignité et les droits fondamentaux d’autres êtres humains quels que soient leurs nationalités, leurs parcours et leurs statuts administratifs ». L’historienne Vanessa Codaccioni est venue rappeler l’histoire de l’état d’urgence mis en place au début de la guerre d’Algérie, puis réactivé en Nouvelle-Calédonie en 1984, dans les banlieues en 2005 et aujourd’hui. Quand une batterie de mesures répressives vise les musulmans, les militants écologistes et les syndicalistes.

Au fil de la soirée, se sont succédé à la tribune l’historien Patrick Weil, l’avocat William Bourdon, Çağla Aykaç, universitaire turque, contrainte à l’exil, Zyad Majed, spécialiste de la Syrie, Elias Sanbar, écrivain et ambassadeur de la Palestine à l'Unesco mais aussi Piotr Pavlenski, artiste russe, qui demande l’asile politique en France ou Rohân Houssein, rappeur et poète franco-syrien…

Nos banlieues

La veille de cette soirée inaugurale, la pièce À vif du rappeur Kery James se jouait dans le même lieu. La tribune se mue ici en tribunal à travers les plaidoiries de deux jeunes avocats s’affrontant autour de la question : « l'État doit-il être jugé coupable de la situation actuelle des banlieues ? ». Maître Soulaymaan (Kery James) répond non, arguant que « la banlieue n’est pas une grande crèche à ciel ouvert » et qu’être gouverné ne dédouane pas des responsabilités. Yann (Yannik Landrein) assure lui que l’Etat est le premier responsable de la situation. Une joute magistrale, parfois drôle, qui nous plonge dans la réalité des banlieues et donc dans un problème crucial qu’il faut regarder en face.

Vidéo Lettre à la République

« On est pas là par hasard/Toute arrivée a son départ !/ Mais pensez-vous qu’avec le temps/ Les Négros muteraient, finiraient par devenir Blancs ?/Mais la nature humaine a balayé vos projets/On ne s’intègre pas dans le rejet (…).» La pièce se conclut par des extraits de Lettre à la République, une missive sans concession scandée en 2012 par le chanteur qui poursuit ses messages musclés dans son dernier album Mouhammad Alix. Un lanceur d’alertes à suivre !

 

Festival « Nos disques sont rayés » au théâtre du Rond-Point jusqu’au 11 février. Programme sur : www.theatredurondpoint.fr/cycle/nos-disques-sont-rayes/

À vif de Kery James, mis en scène par Jean-Pierre Baro, en tournée jusqu’en mai. Voir les dates et lieux.

Mouhammad Alix de Kery James, 12 euros. Voir les dates de ses concerts à venir.