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La sélection à l’université n’est pas la solution !

Ferc CGT
13 mars 2018 | Mise à jour le 13 mars 2018
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La Fédération de l'éducation de la recherche et de la culture (Ferc CGT) dénonce les volontés de l'exécutif de mettre en place la sélection à l'université et de transformer l'accès à l'enseignement supérieur ainsi que le modèle du baccalauréat.

Le gouvernement présente sa réforme de l'entrée à l'université comme une réponse au scandale du tirage au sort dans certaines filières en tension ainsi qu'à l'échec des étudiantes et des étudiants durant leur première année d'étude dans le supérieur. Le choix du gouvernement est celui d'instaurer une sélection c'est-à-dire d'adapter le nombre d'étudiantes et d'étudiants au nombre de places disponibles. Un autre choix est possible, c'est celui que défend la CGT, faire exactement l'inverse en ouvrant le nombre de places nécessaires à l'accueil de toutes et tous les jeunes en formation.

Les propositions gouvernementales sont d'autant plus révoltantes que cette pénurie résulte de choix politiques : sur les dix dernières années seulement, le nombre d'étudiantes et étudiants a augmenté de 20 % alors que le budget de l'enseignement supérieur lui n'a augmenté que de 10 %. Si nous laissons faire ce gouvernement, les universités pourraient, de fait, trier les élèves à l'entrée en licence avec la mise en œuvre des « attendus ». Au vu des dossiers scolaires des élèves, elles pourraient ainsi refuser des jeunes, faute de place, ou les obliger à suivre un « contrat de réussite » en licence qui permettrait de les renvoyer si le contrat est considéré comme non respecté.

Au vu des moyens alloués aux universités nous pouvons fortement douter de la possibilité de mettre en place un accompagnement permettant aux étudiantes et étudiants de se mettre au niveau des « attendus ». Les universités en décidant des capacités d'accueil et des attendus de leurs filières vont pouvoir développer des parcours à deux vitesses, certains « d'excellence » et d'autres de relégation. Mettre à mal le cadre national des diplômes contribue à affaiblir pour les futurs salariés les repères collectifs et le cadre de négociation. Réforme du code du travail et de l'université participent de la même logique d'affaiblissement des droits des salariés.

Chaque bachelière et chaque bachelier doit pouvoir suivre les études qu'il souhaite. L'élévation du niveau de qualification est un enjeu tant en termes de justice sociale que de développement économique.

Un projet de réforme du lycée plus inégalitaire au service de la sélection

Le gouvernement ne compte pas s'arrêter à l'entrée à l'université, mais réforme aussi le baccalauréat et le lycée pour les adapter à la sélection à l'université. Il s'agit de mettre fin aux séries existantes en créant, des modules de spécialisation dans deux disciplines ; modules correspondant aux « attendus » des études supérieures. Les élèves devraient donc se spécialiser et s'orienter à 16 ans vers des poursuites d'études supérieures qu'ils et elles n'ont pas encore construites. Ceci va à l'inverse de la nécessité de construire une large culture généraliste et commune permettant à la fois de s'orienter dans une société de plus en plus complexe et d'acquérir des savoirs plus spécialisés.

Avec 40 % de la note en contrôle continu ainsi que des modules différents selon les lycées, le Bac se transformerait en grande partie en « bac maison » dont la valeur dépendrait de la réputation de l'établissement. En fonction de leur origine sociale et territoriale, les jeunes n'auraient pas accès aux mêmes lycées et mécaniquement aux mêmes possibilités de poursuites d'études. Des inégalités territoriales et sociales existent déjà, loin de les résorber, ce qui est la mission de l'éducation, ce projet de réforme va les amplifier.

Pour la CGT l'école doit avant tout contribuer à la réussite et à l'émancipation de toutes et tous. Pour cela il faut rompre avec l'austérité, améliorer les conditions d'apprentissages en baissant le nombre d'élèves par classe, mettre les moyens dans la formation des personnels.