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UBÉRISATION

Un syndicat peut faire le printemps

27 mars 2017 | Mise à jour le 27 mars 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Un syndicat peut faire le printemps

Bordeaux 15 mars 2017

À Bordeaux, le premier syndicat CGT de coursiers à vélo de France a relayé l'appel national du 15 mars, lancé en faveur d'une déconnexion massive des livreurs à domicile. La mobilisation des travailleurs indépendants change de braquet.

« Améliorer les conditions de travail, voilà pourquoi je me bats aujourd'hui» Sara Zerouali compte parmi la poignée de coursiers à vélo bordelais, auto-entrepreneurs, qui a créé le premier syndicat de coursiers à vélo de France : « L'expérience d'un collectif, avortée à Bordeaux, n'a permis aucun débouché, déclare l'étudiante qui sillonne les rues de la préfecture girondine pour Deliveroo. Le syndicat, par les solidarités qu'il crée, permet de mieux nous organiser et nous protéger en fédérant davantage de moyens et de force. C'est important pour faire face aux plateformes. »

Du salariat déguisé…

À la suite des exploitants de voiture de transport avec chauffeur (VTC), également enregistrés auprès de l'Urssaf sous le statut d'auto-entrepreneur, les coursiers à vélo déchantent. La fermeture de la plateforme de livraison de repas à domicile, Take Eat Easy, a révélé la réalité d'une économie qui paupérise et précarise au nom de la liberté et de la flexibilité. Une étude de l'Insee publiée à la fin de l'année dernière indique notamment que le revenu moyen des auto-entrepreneurs, environ 410 euros, est inférieur au montant du revenu social d'activité (RSA). « La proposition d'un contrat commercial plutôt qu'un contrat de travail peut paraître alléchante de prime abord, explique Loïc Notais, responsable de la politique revendicative pour la CGT de Gironde. Des horaires libres et des revenus tirés d'une passion, sinon d'un amour pour le vélo. Et puis, chaque jour un peu plus, l'illusion de l'autonomie cède la place à une subordination propre au salariat, sans les protections et les garanties qui s'y rattachent toutefois. Les conditions de facturation et de travail se dégradent: le règlement ne se fait plus à la course mais à l'heure, les primes fondent ou disparaissent… »

… à la revendication salariale

Sans compter le nombre de coursiers à vélo, environ un millier à Bordeaux, qui crée les conditions d'une concurrence et d'une précarisation dont profitent pleinement les quatre plateformes présentes dans la capitale de la Nouvelle-Aquitaine. « Le syndicat n'a qu'un mois d'existence mais les débuts sont encourageants, conclut Sara Zerouali. Les discussions ont permis de faire connaître notre plateforme revendicative, aussi d'ouvrir la réflexion sur l'évolution de la profession en matière de statut, de rémunération et de garanties sociales, de convention collective aussi. » Ça sent le printemps, on dirait, chez les coursiers à vélo de Gironde…

La CGT à l'avant-garde Syndiquer les auto-entrepreneurs. Telle est l'une des volontés issues des débats du 51e congrès confédéral, organisé au printemps dernier à Marseille : « Les auto-écoles, les VTC, les entreprises de presse et de communication… L'ubérisation se décline à toutes les sauces», explique Loïc Notais. Mais elle ne signifie pas la fin de l'entreprise et du salariat. Elle demande au contraire des revendications fortes et l'organisation de ces travailleurs qui n'ont pas le statut de salarié. « La syndicalisation des coursiers à vélo ne constitue pas une première, rappelle le militant. Les taxis parisiens, des artisans, il y a trente ans, ou les VTC récemment ont trouvé à la CGT une porte ouverte et une main tendue pour faire entendre et pour faire valoir leurs revendications. »