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GRANDE DISTRIBUTION

Vers la fin des hyper et supermarchés ?

29 juillet 2019 | Mise à jour le 29 août 2019
Par | Photo(s) : DPA/Photononstop
Vers la fin des hyper et supermarchés ?

Un graffiti de Banksy à Londres.

Après cinquante ans de règne sur la consommation, les grandes surfaces s'interrogent sur le modèle qui a fait la gloire et la fortune de grands groupes comme Auchan ou Carrefour, géants de la grande distribution en France.

On ne compte plus les études et sondages sur les nouveaux compor­te­ments consuméristes des Français­ : succès du e-commerce, engouement pour les produits bio ou locaux dont le consommateur connaît la provenance… commencent à inquiéter les hypermarchés dont les rayons à perte de vue sont délaissés par une (petite) partie de la clientèle.

Un modèle remis en question

Le phénomène fait aussi les choux gras de la presse généraliste ou spécialisée. À tour de rôle, les magazines s'interrogent sur la fin d'un modèle devenu trop grand, ne correspondant plus aux nouvelles tendances d'achat. Et pourtant… La France regorge encore de ces « usines à vendre », implantées à l'origine en périphérie des villes et qui ont imposé leur gigantisme, la construction annexe d'infrastructures facilitant la venue des clients dans ces lieux contraints (routes, parkings à perte de vue, mais aussi, parfois, comme à Saint-Denis par exemple, une station de métro face aux portes vitrées de Carrefour).

Aujourd'hui, quelque 2 500 hypermarchés quadrillent le territoire. Un nombre plus élevé que jamais, selon Franck Rosenthal, consultant en marketing et auteur d'un blog sur le commerce et la distribution (cité par Les Inrockuptibles, le 3 juin 2018.) qui note qu'« entre 2006 et 2018, il y a eu une augmentation de 59,6 % [des implantations] d'hypermarchés en France ». Si les hypers se meurent, c'est de mort lente.

Auchan, Carrefour, Leclerc… tous travaillent à une redéfinition du concept d'hypermarchés à l'horizon 2025. Cours de cuisine, atelier barbier, cinémas, réalité virtuelle… tout est bon pour attirer le chaland et faire vivre ad vitam aeternam le culte de la consommation. Dans une telle logique, l'hypermarché devient alors le lieu de « réenchantement » du commerce, comme a voulu le prétendre le délirant projet EuropaCity, heureusement régulièrement retoqué par la justice (voir nos articles sur ).

Mutation en cours

Une étude du Conseil national des centres commerciaux (CNCC, l'organisation professionnelle des « acteurs participant à la promotion et au développement des sites commerciaux ») tendrait à démontrer que « les consommateurs souhaitent que leurs centres commerciaux améliorent leurs fondamentaux (sic) et intègrent leurs nouvelles préoccupations ». Parmi celles-ci : « Une information préalable et pertinente sur le Web, un guidage digital dans les parkings et les malls [les énormes centres commerciaux comme il en existe aux États-Unis, NDLR], une organisation multipolaire qui évacue une perception négative de gigantisme et d'ennui­ en alternant espaces fermés et ouverts ».

Ou encore « une démarche RSE [responsabilité sociale des entreprises, NDLR] assumée et expliquée d'une offre commerciale qui mixe enseignes incontournables et marques émergentes ». Le locavore, l'adepte de l'économie circulaire, du durable ou de l'éphémère y retrouvera aussi ses petits, puisque le vrai centre commercial du xxie siècle sera « un véritable service omnicanal (re-sic), [capable] in fine, de créer un lien affectif avec ceux qui le visitent et l'habitent ».

Gontran Thüring, délégué général du CNCC, estime que la mue est en cours et que « même si elle n'est pas encore totalement perçue, cette tendance va se généraliser au fur et à mesure de la rénovation et de l'extension des centres existants qui constituent les deux tiers des projets en cours ».

Stratégie financière avant tout

Ce qui est surtout perceptible, ce sont les fermetures de magasins et le chômage pour des milliers de salariés. Fin mars, Carrefour annonçait lors d'un comité central d'entreprise 1 229 suppressions de postes pour 2019. Le premier employeur de France, qui a touché de l'État 2 milliards d'euros sur cinq ans, au titre du CICE (crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi), n'a même pas besoin d'invoquer des raisons financières pour justifier ces licenciements de masse : les ordonnances Macron lui permettent de se séparer des salariés grâce à la rupture conventionnelle collective. Les choix stratégiques d'une direction se suffisent à eux-mêmes. Avant la fin des hypers, la souffrance des caissières…