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SANTÉ

Victoire à la clinique de l'Ormeau

18 janvier 2017 | Mise à jour le 18 janvier 2017
Par | Photo(s) : Laurent Dard /AFP
Victoire à la clinique de l'Ormeau

C'est la lutte de (presque) tous les records : 64 jours de grève et 100 % des revendications satisfaites. Rien de plus logique, car la grève à l'Ormeau décroche en 2016 le titre de plus long conflit touchant un établissement de santé privé en France. « Cette victoire de tous les salariés est emblématique, précise Christophe Couderc, coordinateur régional du secteur action et santé sociale au comité CGT Midi-Pyrénées. Emblématique parce qu'il rend possible ce qui semble impossible a priori. »

Rémunération et conditions de travail, les salariés tarbais ont obtenu gain de cause sur les deux tableaux : augmentation de salaire (+2,63 %) et prime annuelle pour tous (700 € brut) ; maintien des postes, mais aussi reconnaissance des métiers et de la pénibilité (pause et travail de nuit)… Entre autres choses. D'autres choses qui ne se comptent pas, du point de vue marchand en tout cas : la dignité du personnel, soignant et non soignant, et celle des patients ; un accès aux soins et une prise en charge de qualité pour tous.

Détermination et dignité

À l'instar des luttes conduites les deux années précédentes par les salariés de cliniques à Montauban (Pont-de-Chaume, Boyé), dans le Tarn-et-Garonne, et à Auch (polyclinique Gascogne), dans le Gers, le combat à la clinique de l'Ormeau rappelle la nécessité de défendre une santé définie comme un bien commun : « Nous avons affronté un groupe financier [MédiPôle Partenaires], dont la recherche de profit est telle qu'il n'hésite pas à vouloir mettre à genoux ses salariés et qu'il se soucie bien peu de leur bien-être comme du bien-être des patients », affirme la délégué syndicale CGT, Laurence Charroy ,dans l'allocution qu'elle a prononcée le 10 janvier une fois signé le protocole de fin de conflit. « Nous avons bien vu que, au-delà de notre établissement, au-delà de notre lutte, c'est toute la politique de santé en France qui montre ses failles. »

À but non lucratif

Le courage n'a pas manqué face aux provocations et aux déstabilisations de MédiPôle Partenaires. Qui l'aurait cru au commencement du mouvement, le 8 novembre dernier ? L'ouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO), quatre jours plus tôt, aboutit à une impasse. La grève n'est pas une tradition à la clinique, mais la tradition va changer : « Ici comme au Pont-de-Chaume qui est détenu par Elsan, le numéro 2 de l'hospitalisation privée français, on vend le système de santé à la finance, conclut Christophe Couderc. À l'heure où le malaise du personnel atteint un niveau inédit, les consciences se réveillent et les salariés se battent contre cette marchandisation. » À l'impossible, finalement, tout le monde est tenu : la preuve par l'Ormeau.

 


Richesse versus marchandise

« Moi qui suis issu du privé lucratif, je milite pour une réappropriation de la santé par le public. » Christophe Couderc, qui coordonne le secteur santé et action sociale au comité régional CGT Midi-Pyrénées, sait de quoi il parle : il était en première ligne pendant la grève, longue de 51 jours, qui s'est déroulée en décembre 2015 à la clinique du Pont-de-Chaume à Montauban (82). Aujourd'hui, des disciplines essentielles telles que l'oncologie ou la cardiologie conventionnelle sont laissées au secteur privé lucratif par le truchement de conventions signées entre les agences régionales de santé (ARS) et les grands noms du secteur privé lucratif. C'est déjà le cas en Tarn-et-Garonne. Il est donc important de se battre, d'ouvrir les yeux sur les enjeux : il est bel et bien question de défendre un modèle de société contre un autre. La santé doit être considérée comme une richesse humaine, non comme une marchandise.

Outre la stratégie de groupes comme Elsan, qui a englouti Vitalia et s'apprête à racheter MédiPôle Partenaires, les politiques des gouvernements successives participent à cette marchandisation. Dernier avatar en lice ? Les groupements hospitaliers de territoire (GHT).

 


Solidarité avec les salariés

La grève est terminée. Mais les soutiens restent les bienvenus. La caisse de solidarité, ouverte à l'occasion du conflit, reste ouverte. Les dons peuvent être adressés par chèque, libellé à l'ordre du syndicat CGT de la polyclinique de l’Ormeau, et envoyés à :

Union départementale CGT des Hautes-Pyrénées, Bourse du travail, place des droits de l'Homme, 65000 Tarbes.