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AIR FRANCE

Procès Air France : triple peine pour quatre ex-salariés

25 mai 2018 | Mise à jour le 31 mai 2018
Par | Photo(s) : Vincent Isore/IP3/Maxppp
Procès Air France : triple peine pour quatre ex-salariés

Quatre des douze prévenus dans l'affaire dite « des chemises arrachées » à Air France ont été condamnés à une peine de 4 mois de prison avec sursis, assortie d'une amende de 500 euros par personne. Tel est le verdict de la cour d'appel de Paris, le 2 mai dernier. La CGT Air France dénonce « une décision politique ».

Ni preuves formelles de leur culpabilité ni éléments probants, la cour d'appel de Paris a reconnu coupables d'avoir arraché la chemise de cadres, à l'occasion d’un mouvement social intersyndical pour l'emploi le 5 octobre 2015, les prévenus. Tous quatre étaient alors syndiqués à la CGT à l'époque des faits de cette émeute collective.

Ce jugement, est « fondé sur l'intime conviction et non sur la recherche de la vérité », a regretté maître Lilia Mhissen qui défendait les ex-salariés d'Air France. Il va pénaliser des personnes qui, avant même d'être jugées coupables, avaient déjà tout perdu : leur emploi à Air France, leur perspective de carrière, leur réputation, leur possibilité de réembauche dans d'autres entreprises. Condamnés à la précarité de l'intérim depuis le procès en première instance de Bobigny en novembre 2016, les voici estampillés « parias de la société » par la cour d'appel de Paris qui, en formulant ce « jugement de classe », selon Karine Monségu (secrétaire de la CGT Air France) jette le trouble sur la nécessaire impartialité attendue de cette institution judiciaire.

Condamner des intentions supposées

Lors de leur témoignage à l'audience du 15 mars, les deux victimes, Pierre Plissonnier (responsable secteur long-courrier) et Xavier Broseta (DRH) avaient affirmé et réaffirmé ne jamais avoir pu identifier formellement leurs agresseurs. Malgré cela, leurs avocats avaient plaidé la culpabilité des prévenus à l'appui de vidéos illisibles et incomplètes. Leur réquisitoire s'est basé non pas sur des faits avérés mais sur une dénonciation de l'intention de les commettre. Bingo pour la cour d'appel ! Ce seul faisceau de présomptions lui aura donc suffi pour qualifier de faits délictueux des images de mains posées sur une épaule ou de cris proférés parmi ceux d'une foule hurlante de 1500 salariés en colère. Certes, la violence, d'où qu'elle provient, n'est jamais acceptable en ce qu'elle menace l'idée même de sécurité dont chaque individu d'une société civilisée doit pouvoir se prévaloir. À ce seul titre, toute violence, quelles qu'en soient les formes ou les auteurs et quelles qu'en soient les causes, légitimes ou pas, est condamnable. Il n'en demeure pas moins qu'en condamnant sur de simples soupçons d'intention, la justice de Paris semble pour le moins faillir à sa mission essentielle qui est de rendre justice.

Strabisme

Après les procès de l'affaire dite « de Tarnac », après l'affaire Cahuzac – ce scandale d'État qui vient de se solder par une peine de prison qui ne sera probablement pas exécutée par le jeu des aménagements de peine, au bénéfice d'un menteur de la Ve République –, la justice semble bel bien frappée d‘un strabisme de classe qui appelle à changer de lunettes idéologiques.